Comme beaucoup sans doute, j'ai abordé son oeuvre par le bout de sa déportation. Ensuite, j'ai humé, exploré, tâté du polar, des souvenirs romancés ou non.
C'est d'ailleurs toute l'oeuvre qui est traversée par l'Histoire, par le passé de l'auteur; déporté jeune, raflé, étiqueté communiste. Membre du PCE clandestin, nous le retrouverons après-guerre, partageant son temps entre France, URSS et voyages clandestins dans l'Espagne franquiste. Nous le retrouverons plus tard, expulsé du PCE car trop peu stalinien.
C'est le même homme qui sera aussi Ministre de la Culture d'une Espagne redevenue démocratique.
L'oeuvre de Semprun est celle d'un homme qui a su son conservé une véritable indépendance morale.
Mais Semprun est aussi un écrivain à la plume abondante, au phrasé particulier et tellement riche! En témoigne ce bref extrait de "Le mort qu'il faut":
Après l'appel, après la soupe du dimanche - aux nouilles, toujours; la plus épaisse de la semaine; bienvenue, toujours -, le besoin de néant réparateur semblait prévaloir.A tout qui serait tenté de découvrir l'oeuvre de Jorge Semprun, je conseille de commencer par "L'Algarabie".
On pouvait aussi prendre sur soi, sur le retard de sommeil, sur la fatigue de vivre, pour aller retrouver des copains. Recréer une communauté, parfois une communion, quand celle-là n'était pas seulement de village natal, ou de maquis, de mouvement de résistance; quand elle était de surcroît, politique, ou religieuse, aspirant à un dépassement, donc à une transcendance, vous y aspirant.
Bien triste nouvelle: Semprun vient de décédé à Paris!
RépondreSupprimerPardon "vient de décéder"...
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