mercredi 20 juillet 2011

Le ministère des Affaires spéciales, premier roman de Nathan Englander

Un premier roman et d’un coup d’un seul … un grand coup ! 

L’Argentine est sous la coupe de Videla, les disparus se comptent par milliers. Personne ne sait rien, personne ne voit rien et surtout personne ne dit rien. La dictature militaire est donc propice au déni, pas seulement à ceux de la démocratie et des droits de l’homme, mais aussi au déni du simple droit d’exister.

Et Nathan Englander d’aller plus loin encore, puisqu’il choisit pour personnages principaux un couple juif, dont le mari – Kaddish - rejeté par sa communauté, lui permet pourtant d’oublier, de renier, des ascendances considérées comme gênantes.

C’est dans cette atmosphère, qui flirte très souvent avec l’absurde, que Lillian et Kaddish vont rechercher leur fils « disparu » - enlevé par la junte - se heurtant, se cognant, aux murs de silence érigés par la dictature, ainsi d’ailleurs qu’à eux-mêmes.

Un roman « éblouissant, où la tragédie et l'absurde se mêlent, sans jamais se déparer d'un humour dévastateur » selon l’éditeur. Mais il convient de préciser que l’humour se cache ici derrière bien des degrés ! Il ne faut donc pas s’attendre à rire à gorge déployée (ce qui n’est pas un défaut selon moi), mais plutôt à connaître de temps à autre un sourire sardonique comme je me rappelle en avoir affichés à certains passages de l’Auto-da-fé d’Elias Canetti.

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