mardi 20 septembre 2011

Le Volcan : Un roman de l’émigration allemande 1933-1939

« Mon but est de parler de ceux qui ont perdu patrie et repos, d’être le chroniqueur des leurs aventures, de leurs défaites, de leurs catastrophes et de leur confiance dans l’avenir. ». C’est ainsi que Klaus Mann - l’un des fils de Thomas, exilé depuis 1933 - s’exprime à propos de ce roman-document publié en 1939.

Pour ma part, je passerai rapidement sur quelques réserves qui sont finalement surtout affaires de goût : le style qui ne m’a que moyennement enthousiasmé et certaines ruptures de ton aussi qui affaiblissent la cohérence de l’ensemble. Je pense particulièrement à l’irruption d’anges et à une péroraison divine, insérées dans un ensemble par ailleurs très réaliste… Mais, cela n’importe finalement que peu par rapport à la volonté de Klaus Mann de délivrer un message, de témoigner. D’ailleurs, ces réserves ne diminuent en rien l’intérêt de ce roman-document.


C’est sur les particularités, sur les lignes de force du Volcan que je souhaite m’attarder ici.

En effet, je ne me souviens pas avoir lu un ouvrage consacré à l’émigration allemande – ou plus globalement anti-fasciste
qui mette aussi bien en lumière le caractère hétérogène de l’émigration sur les plans sociologique, philosophique, politique, intellectuel et psychologique.


Une autre force du Volcan, de son auteur, réside dans l’illustration des doutes qui accompagnent l’acte-même d’émigrer, non seulement au long des pérégrinations imposées par la perte de la patrie, de la nationalité et la recherche souvent recommencée d’un asile, mais aussi sous la forme de véritables cas de conscience : est-il juste de quitter l’Allemagne nazie ? Ne vaudrait-il pas mieux y rester et s’inscrire dans le silence de l’émigration intérieure afin d’être prêt à la servir dès la chute du régime ? Ou encore entrer dans l’action clandestine sur le sol allemand afin de hâter la chute dudit régime ?

Questionnement que l’on verra aussi à l’œuvre dans l’esprit de certains de ceux qui auront opté pour l’émigration extérieure : que puis-je entreprendre pour lutter ? De quel talent dispose-je ? Quels modes d’action ou d’inaction sont-ils honorables ? Dignes ? Justifiés ?

C’est pour cette mise en lumière, cette illustration, que je recommande la lecture du Volcan !

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