Comme tout le monde j’en avais entendu parler et voilà, j’ai maintenant lu l’appel de Stéphane Hessel. En quelques pages, l’auteur (vétéran de la Résistance française, membre du Conseil National de la Résistance et participant à la rédaction de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, de 1948) invite les « jeunes générations » à « prendre le relais » et à s’indigner.
Ce faisant, Hessel écrit – entre autres réflexions judicieuses – que « Les responsable politiques, économiques, intellectuels et l’ensemble de la société, ne doivent pas démissionner, ni se laisser impressionnés par l’actuelle dictature internationale des marchés financiers qui menace la paix et la démocratie. »
Cette phrase est selon moi l’une des plus importantes de ce – bref – ouvrage, en ceci qu’elle cite explicitement les différents acteurs humains qui font la société, sans omettre « l’ensemble de la société » (c'est-à-dire ce vaste groupe d’individus pensants que nous constituons) et qu’elle les confronte à l’abstraction menaçante des marchés financiers.
Partant de cette confrontation - que je crois exacte - deux réflexions me viennent à l’esprit.
En premier lieu Hessel inclut avec raison et cohérence « l’ensemble de la société » parmi les acteurs ne pouvant démissionner. Cette pensée est pleinement cohérente avec l’engagement résistant de l’auteur, avec l’idée même d’un appel à l’indignation, ainsi qu’avec l’initiative de s’adresser de vive voix à des étudiants (donc aux « jeunes générations ») en leur suggérant de regarder autour d’eux pour y trouver à coup sûr des motifs d’indignation.
A ce propos, il me semble que Stéphane Hessel fait l’économie (plus probablement l’ellipse) d’un préalable indispensable : la volonté de savoir, d’être conscient.
En tendant l’oreille, en recueillant ici et là des opinions, des commentaires exprimés par exemple par rapport à la solution politique belge actuelle, j’ai pour ma part l’image d’une société relativement démissionnaire, dont une part de plus en plus grande renonce à savoir, en se repliant douillettement derrière la responsabilité de tiers d’ailleurs revêtus d’appellations abstraites telle que « le système » ou « les politiciens ».
Cette forme de résignation et les trop confortables explications sociologiques que d’aucuns peuvent en fournir, entrent selon moi en totale contradiction avec la responsabilité individuelle dont j'estime chacun de nous investi. Concernant cette dernière notion, je cite d’ailleurs Hessel lorsqu’il parle de l’influence de Sartre disant : « Vous êtes responsables en tant qu’individus ». Message qu’Hessel qualifie – à très bon escient – de « libertaire ».
Pour commencer par le commencement, le préalable, je paraphraserais donc le « Cherchez et vous trouverez ! » [des thèmes qui justifient l’indignation] en « Soyons responsables, décidons de savoir et nous trouverons ».
La deuxième réflexion que m’inspire la phrase précitée concerne la notion de « marchés financiers ». Si Hessel fait en l’occurrence appel à une notion abstraite, il me semble intéressant de nous rappeler, de rappeler à chacun de nous, que les marchés financiers sont au bout du compte l’émanation de l’appât de gain d’un grand nombre d’individus, grands ou petits porteurs, agissant par le biais de personnes morales ou en direct, et non pas des entités abstraites. Petit retour donc à la responsabilité de chacun…
Bien d’autres passages du bel appel de Stéphane Hessel mériteraient d’être analysés et commentés ! Mais je ne veux pas tout dévoiler ou – au contraire – voiler de mon interprétation, car le texte vaut à coup sûr d’être lu et méditer !
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