dimanche 19 juin 2011

Raspoutine, Steiner, Bouche Dorée, Cush, Sorrentino ... et d'autres encore!

La couverture de l'édition en
noir blanc des Celtiques.
Commençons par une précaution oratoire, je ne suis pas un spécialiste de la bande dessinée! Il n'est donc pas impossible que je me trompe en affirmant qu'Hugo Pratt est un auteur - scénariste - dessinateur unique. Mais c'est du moins ainsi qu'il m'apparaît chaque fois que je relis un ou plusieurs albums de sa série la plus touffue: Corto Maltese.



Hugo Pratt a déjà fait couler pas mal d'encre, entre autre celle qui fut nécessaire pour imprimer De l'autre côté de Corto, un recueil d'entretiens entre Pratt et Dominique Petitfaux, publié chez Casterman.

Si son dessin est reconnu comme ayant fait école, si son érudition et sa bibliothèque personnelle lui ont permis de donner un cadre spatio-temporel crédible - et par ailleurs passionnant - à la série Corto Maltese -, ainsi que de l'émailler de références à des personnages historiques réels et à de nombreux écrivains (1) (la série est une mine de pistes de découverte offertes aux lecteurs); c'est tout particulièrement l'immense talent qu'avait Pratt de créer des personnages "profondément humains"(2) qui me séduit et me ramène régulièrement à son oeuvre.

Dans sa série Corto Maltese, Pratt a en effet insufflé une véritable épaisseur de vie à toute une série de personnages récurrents (il me semblerait très inapproprié de les qualifier de "secondaires"), qui entourent Corto. J'en cite quelques-uns en titre, mais la liste n'est pas exhaustive (3). Au-delà des aventures contées, ce sont les interactions entre Corto, les véritables "personnalités" qui l'entourent, les personnages n'apparaissant que ponctuellement et les situations (réelles et fictives) qui font selon moi le principal intérêt de la série.

Ni Corto, ni aucun des personnages récurrents de la série, ne sont psychologiquement monolithiques. Tous sont amenés à composer au mieux avec les événements, leurs propres objectifs, les autres et ... avec eux-mêmes!

Outre l'impression de réalité générée par l'épaisseur des personnages, le lecteur voit aussi se dessiner une philosophie faite de libre arbitre, de loyautés électives et d'éthique personnelle. Personnelle, parce que dégagée tant des conformismes de la morale générale, que des lignes de force de l'arrière-plan spatio-temporel de la série, savoir le monde la première moitié du XXe siècle en proie aux nationalismes, à la guerre, au colonialisme et aux mouvements de lutte d'indépendance et aux révolutions suscités par ces maux.

Si ce n'est pas encore fait, je vous recommande de vous (re)plonger dans l'oeuvre d'Hugo pratt!

Notes:
(1) En voici quelques-uns, qui me reviennent immédiatement à l'esprit: Rimbaud, d'Annunzio, Shakespeare, Hemingway, ...
(2) Expression empruntée à Christophe Canon, Dossier Hugo Pratt, paru dans le numéro 202 du mensuel Espace de libertés, magazine édité par le Centre d'Action Laïque.

(3) Le lien ci-contre renvoie àune "biographie" complète de Corto Maltese et à une liste plus fournie de personnages sur wikipedia 

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